My work is a critique of collective social behavior in the history of the twentieth century. It is also a way of remaining vigilant. I know that I can be quite intolerant, also cowardly, and in terrible circumstances such as war, I can’t be absolutely certain what my position will be.
Humans are territorial creatures; we exclude others, set limits, decide who is acceptable, who isn’t. We must never lose sight of our capacity to commit the worst horrors, and even if we are incapable of banishing our most primitive traits, we can’t deny their existence.
Series 1: Without Trace: the Vanished Jewish World
Series 2: Former Concentration and Internment Camps in France
Series 3: Vanished battlefields of WWI
La Mémoire Effacée
Mon travail est une critique d’un comportement social collectif dans l’histoire du XXème siècle. C’est surtout une façon de rester vigilante par rapport à mes propres réactions. Je sais que je suis finalement assez intolérante, que je peux être très lâche et que, selon les circonstances, et en particulier dans des conditions aussi dramatiques que celles de la guerre, on ne peut absolument pas savoir de quel côté on va pencher.
Donc, mon propos n’est pas de juger mais d’alerter. Je pense que l’être humain est un animal de territoire, qui a besoin d’exclure les autres, besoin de se donner des limites, les gens qui sont acceptables, les gens qui ne sont pas acceptables. Il ne nous faut jamais perdre de vue notre capacité à commettre les pires horreurs : cela fait partie de nos traits primitifs et si on ne peut pas les dépasser, ne pas le nier c’est très important.
Premiere série : Sans trace: Le monde juif disparu
Deuxième série : Camps d'internement en France,
Troisième série : La Mémoire Effacée WWI
Without Trace shows the villages in Lithuania, Germany, Hungary and Poland where Jews once lived. Using postcards from the collection of Gérard Sylvain, I went in search of these villages where no Jews live today, and where there is no trace of that once vibrant community.
Sans trace nous transporte en Lituanie, Allemagne, Hongrie et Pologne sur les pas des juifs des ghettos, disparus dans les camps d’extermination. L’absence est palpable. A partir des photos anciennes ou des cartes postales de la Collection Gérard Sylvain sur la vie dans le shtetl au début du siècle, je me suis mise à la recherche de ces villages totalement transformés où il n’y a plus de trace de cette communauté juive.
In 1938 and 1939, two decrees promulgated by the French government permitted the internment of any individual, French or foreign, considered dangerous for public security. Six hundred thousand individuals—victims of the Spanish Civil War, German and Austrian Jews and non-Jews fleeing anti-Semitic persecution or political repression, Eastern European Jews, the Roma, communists and freemasons—were herded into internment or concentration camps prior to being handed over to the Germans and deported to the death camps.
In 1995, I began an investigation into these “concentration” camps in the west of France. It was a difficult job since these archives were not open for consultation. Nevertheless, armed with a letter of recommendation from the Ministry of Culture, I tried my luck. I started in the archives of the Mayenne where I found a list of camps in the vicinity and some documentation. But the next day, when I returned to the archives, I was told that those same documents consulted the day before did not exist. In the archives of the Orne, I found the letters of those who denounced their neighbors, friends of neighbors, people considered “suspicious” because of darker skin or a hooked nose. I also found documents showing that a large amount of food had been delivered to Damigny, a camp where foreigners were interned. Nevertheless, when I asked for further documents about Damigny, the archivist claimed there were none, and he denied the camp’s existence. In La Roche-sur-Yon, although I was not refused documents, I was told that I had to wait for them. Three days passed, and on the Friday evening, the director informed me that such camps didn’t exist. In Angers, after denying their existence, the archivist followed me out of the building, and making certain no one saw him, whispered the name of one of the most infamous camps for gypsies.
I also met people who knew these camps existed. One restaurant owner, after meeting with elderly Roma who had been interned in Moisdon-la-Rivière, contacted the press in the 1990s, and urged the town council to create a memorial. Shortly after, he received many abusive visits from the police, and his restaurant was subjected to frequent health controls.
In the village of Grez-en-Bouère I spoke on the phone with an elderly notary who refused to meet me in person. He, however, was the only person in the village willing to talk about the local camp, and he said that its establishment had been quite a problem: “We could no longer swim in the lake, near the camp. The gyspsies were interned there, and they were so dirty. We don’t like gypsies here, they steal, and they refuse to work. No one in the village likes gypsies. They steal, and they refuse to work. We don’t like Jews either. They’re all rich because they take what belongs to us. The gypsies rob us from below, the Jews from above.”
En 1938 et 1939, sous l'autorité du Président du Conseil Édouard Daladier, deux décrets permettaient l’internement de tout individu, Français ou étranger, considéré comme dangereux pour la sécurité publique. Six cent mille individus ont ainsi été parqués dans des camps dits d’internement, d'hébergement, ou de concentration avant d’être rendus aux allemands ou déportés vers les camps de la mort : réfugiés de la Guerre civile espagnole, juifs et non-juifs allemands et autrichiens qui fuyaient les persécutions antisémites ou la répression politique du régime nazi, juifs d'Europe centrale, nomades, communistes et francs maçons.
En 1995, j’ai commencé un travail d’enquête sur les camps de « concentration » surtout dans l’ouest de la France, un travail difficile car ces archives n’étaient pas ouvertes à la consultation. Néanmoins, armée d’une lettre de recommandation du ministère de la culture, j’ai tenté ma chance. J’ai commencé dans les archives de la Mayenne ou j’ai bien trouvé une liste de camps dans les alentours et un peu de documentation. Mais le lendemain, quand je suis revenue aux archives, on m’a assurée que le document que j’avais consulté la veille n’existait pas. Aux archives de l’Orne, j’ai trouvé des courriers écrits pendant la guerre dans lesquels les gens dénonçaient leurs voisins, les amis des voisins, les gens dans la rue qui semblaient avoir une peau trop foncée ou un nez crochu. J’ai également trouvé quelques documents montrant que une grande quantité de nourriture avait été livrée à Damigny, là où il y avait un camp pour étrangers. Néanmoins, quand j’ai demandé d’autres documents sur ce camp, l’archiviste nia l’existence de ce camp. A La Roche-sur-Yon, on n’a pas refusé de me donner les documents, mais on m’a dit qu’il fallait attendre. J’ai attendu trois jours. Le vendredi soir, on m’a finalement dit que c’était inutile d’attendre et que ces camps n’existaient pas. À Angers, après avoir nié l’existence de camps, l’archiviste m’a suivi dans la rue et il m’a soufflé le nom d’un des camps pour les gitans.
J’ai également rencontré des gens qui savaient que ces camps existaient, comme un restaurateur de Moisdon-la-Rivière. Après avoir parlé à la presse de l'existence de ce camp dans son village, il a subit des contrôles abusifs et des visites répétitives de la gendarmerie. Une autre fois j’ai discuté par téléphone avec un notaire, la seule personne du village de Grez-en-Bouère à connaître l’emplacement que je cherchais. Il m’a dit que l’implantation du camp avait posé un problème à l’époque : on ne pouvait plus se baigner dans le lac, près duquel étaient parqués les gitans. Ils étaient soi-disant sales, on ne les aimait pas, ils volaient et ils refusaient de travailler. « Personne dans le village n’aime les gitans, ni les juifs d’ailleurs, car eux, ils s’approprient tous les biens de la société. Les uns nous volent d’en bas, les autres d’en haut. »
By pure chance, in 1992, a friend discovered glass plates depicting battlefields from the First World War in his great-uncle's attic. On each plate was the name of the area or town where each photo was taken. After locating each on a map, I went to photograph them so that the past and the present could be juxtaposed. Today, these fields, towns and villages are just places along the road; there is almost nothing left to show the horror of the bloodiest war in human history.
Par hasard, en 1992, un de mes amis a découvert, dans le grenier de son grand-oncle, des plaques en verre représentant des champs de bataille de la Première Guerre Mondiale. Sur chaque plaque était indiqué le lieu exact de la prise de vue. J’ai trouvé ces lieux sur une carte de la France, et je suis parti les photographiés pour pouvoir juxtaposer les deux périodes. Bien sur, ce ne sont que des lieux, et il ne reste presque rien aujourd’hui.
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